Introduction

L'os naviculaire accessoire (ONA) est un os sésamoïde situé sur le côté médial du pied, en arrière du naviculaire. Sa présence est une variante anatomique, mais dans certains cas, il peut être à l'origine d'un syndrome douloureux appelé syndrome de l'ONA de type 2.

Le syndrome de l'ONA de type 2 se caractérise par une douleur localisée au niveau du naviculaire, aggravée par l'activité et les mouvements de l'articulation médio-tarsienne. Cette douleur est due à une compression du nerf tibial postérieur ou des tendons adjacents par l'ONA, pouvant entraîner une gêne importante pour les activités physiques et la vie quotidienne.

Anatomie et biomécanique

Anatomie du pied

Le pied est une structure complexe composée de 26 os, dont le naviculaire, qui fait partie du tarse (la partie arrière du pied). Le naviculaire se trouve entre l'astragale (talus) et les trois cunéiformes. L'articulation médio-tarsienne, formée par l'articulation entre le naviculaire et le cuboïde, ainsi que l'articulation entre l'astragale et le calcaneus, est responsable de la flexion et de l'extension du pied, ainsi que de sa rotation.

Os naviculaire accessoire

L'ONA est un petit os rond ou ovale, situé sur le côté médial du pied, en arrière du naviculaire. Il est présent chez environ 10% de la population et sa taille et sa forme peuvent varier d'une personne à l'autre. L'ONA est en contact étroit avec des structures importantes du pied, notamment :

  • Le tendon tibial postérieur, qui joue un rôle crucial dans la stabilité de la voûte plantaire et la pronation du pied.
  • Le tendon fléchisseur des orteils, qui permet la flexion des orteils.
  • Le nerf tibial postérieur, qui est responsable de la sensibilité et de la motricité de la plante du pied et des orteils.

Biomécanique du syndrome de l'ONA de type 2

Lors de l'activité physique, l'hyperpronation du pied (rotation excessive du pied vers l'intérieur) peut entraîner une augmentation de la pression sur l'ONA. Cette pression peut comprimer le nerf tibial postérieur ou les tendons adjacents, provoquant la douleur caractéristique du syndrome de l'ONA de type 2.

Facteurs de risque

L'apparition du syndrome de l'ONA de type 2 est souvent associée à plusieurs facteurs de risque, notamment:

  • Hyperpronation du pied, particulièrement accentuée chez les personnes ayant des voûtes plantaires basses.
  • Activité physique intense, surtout les sports à fort impact, comme la course à pied ou les sports de saut.
  • Chaussures inadaptées, qui ne soutiennent pas correctement le pied et ne permettent pas une bonne répartition du poids.
  • Anatomie particulière du pied, par exemple un pied plat ou un pied creux.

Diagnostic

Examen clinique

Le diagnostic du syndrome de l'ONA de type 2 commence par un examen clinique approfondi par un professionnel de santé.

  • Anamnèse : le médecin interroge le patient sur les symptômes ressentis, notamment la date d'apparition de la douleur, sa localisation, ses facteurs aggravants (activité physique, type de chaussures, etc.), ses activités pratiquées, et ses antécédents de traumatisme au niveau du pied.
  • Examen physique : le médecin palpe le naviculaire pour identifier les points douloureux. Il réalise des tests de compression du nerf tibial postérieur, et évalue l'amplitude des mouvements et la stabilité de l'articulation médio-tarsienne.

Examens complémentaires

Si l'examen clinique est insuffisant pour poser un diagnostic précis, des examens complémentaires peuvent être effectués.

  • Radiographie : permet de confirmer la présence de l'ONA, d'évaluer sa taille et sa position, et de rechercher d'autres anomalies osseuses pouvant être à l'origine de la douleur.
  • Échographie : permet de visualiser l'ONA, de contrôler l'état des tendons et du nerf tibial postérieur, et de détecter un éventuel épanchement synovial (accumulation de liquide dans l'articulation).
  • IRM : donne une image plus détaillée des structures tendineuses et nerveuses, permettant d'identifier la cause de la douleur (compression, tendinite, etc.) et de rechercher des lésions osseuses ou cartilagineuses.

Traitement

Traitement conservateur

Dans la plupart des cas, le traitement conservateur suffit à soulager la douleur et à permettre une reprise progressive de l'activité physique.

  • Repos : l'arrêt des activités qui aggravent la douleur est essentiel pour permettre aux structures touchées de se cicatriser. Le repos doit être adapté à la sévérité de la douleur et à l'activité physique pratiquée. La durée du repos peut varier de quelques jours à plusieurs semaines.
  • Cryothérapie : l'application de froid local, pendant 15 à 20 minutes, 3 à 4 fois par jour, permet de réduire l'inflammation et la douleur. Il est important d'utiliser un sac de glace enveloppé dans une serviette pour éviter les brûlures.
  • Médicaments : les antalgiques, comme le paracétamol, et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l'ibuprofène ou le naproxène, peuvent soulager la douleur et l'inflammation. Il est important de respecter la posologie recommandée et de consulter un médecin en cas de doute.
  • Orthèses : des supports plantaires personnalisés peuvent être utilisés pour corriger l'hyperpronation du pied et réduire la pression sur l'ONA. Ces orthèses permettent de répartir le poids de manière plus équilibrée et de stabiliser la voûte plantaire. Il est important de choisir des orthèses adaptées à la forme du pied et à l'activité physique pratiquée.
  • Physiothérapie : des exercices de renforcement musculaire, d'étirement et de proprioception (capacité à sentir la position du corps dans l'espace) peuvent être prescrits par un kinésithérapeute pour améliorer la force musculaire, la flexibilité et la coordination, et réduire la douleur. Ces exercices doivent être effectués progressivement et sous la supervision d'un professionnel.

Traitement chirurgical

Le traitement chirurgical est rarement nécessaire et est réservé aux cas rebelles au traitement conservateur, lorsque la douleur persiste malgré une prise en charge adéquate. L'intervention consiste en l'ablation de l'ONA. La chirurgie peut être réalisée par arthroscopie, une technique mini-invasive, ou par chirurgie ouverte.

  • Types de chirurgie : l'arthroscopie permet de réaliser l'intervention par de petites incisions, grâce à l'utilisation d'une caméra et d'instruments fins. La chirurgie ouverte nécessite une incision plus importante.
  • Risques et complications : comme toute intervention chirurgicale, l'ablation de l'ONA comporte des risques et des complications possibles, notamment une infection, un hématome, une atteinte nerveuse ou une non-réduction du symptôme. Il est important de discuter de ces risques avec votre chirurgien avant de prendre une décision.
  • Rééducation post-opératoire : après l'intervention, une période d'immobilisation est généralement nécessaire, suivie d'une rééducation progressive pour récupérer la mobilité et la force musculaire du pied. Cette rééducation comprend des exercices spécifiques, des massages et des traitements physiques pour améliorer la fonction du pied et prévenir les récidives.

Recommandations et suivi

Il est important de suivre les recommandations de votre médecin et de participer activement à votre rééducation pour une meilleure récupération.

Un suivi régulier est essentiel pour évaluer l'efficacité du traitement, suivre les progrès de la rééducation et adapter le traitement en fonction de l'évolution. Votre médecin pourra vous donner des conseils pour prévenir les récidives, comme l'utilisation de chaussures adaptées, le maintien d'une bonne condition physique, le contrôle de l'hyperpronation, et la pratique d'exercices de renforcement musculaire et d'étirement.